La lingerie menstruelle made in France est confrontée à des défis de taille dans un marché de plus en plus dominé par les imports. Marion Goilav, fondatrice d’Elia Lingerie, marque engagée pour une production locale et éthique, met en lumière les menaces pesant sur les entreprises françaises face à des conditions fiscales et de production inégales.

 

Le choix de la production en France : un engagement fort mais coûteux

Chez Elia, produire en France n'est pas qu'une question de qualité. C'est avant tout un choix éthique. "Produire localement, c’est offrir une qualité irréprochable, garantir une traçabilité totale et surtout soutenir l'emploi en France," explique Marion Goilav. Toutefois, ce modèle responsable se heurte à une réalité économique difficile : les coûts de production en France sont bien plus élevés que dans d'autres pays, où les salaires et les normes sont bien plus souples.

 

Concurrence internationale : un déséquilibre inacceptable

Les produits de lingerie menstruelle importés, en particulier de Chine, d’Égypte, ou du Bangladesh, bénéficient de conditions fiscales très avantageuses. "Les taxes réduites, voire inexistantes, et les salaires très bas permettent à ces pays de proposer des prix défiant toute concurrence", déplore Marion Goilav. Alors qu’en France, produire une culotte menstruelle coûte entre 15 et 20 €, dans ces pays à bas coûts, le prix de production est largement inférieur, ce qui fragilise la compétitivité des entreprises locales.  

Ce déséquilibre est amplifié par des accords commerciaux avantageux pour ces pays, comme des exonérations de droits de douane, tandis que les produits français sont pénalisés à l'exportation. Résultat : des marques comme Elia se retrouvent confrontées à une concurrence déloyale, notamment sur les appels d'offres publics, où leurs produits se placent à des prix deux fois plus élevés que ceux des importations.

 

Pourquoi maintenir une production en France ?

Malgré ces obstacles, Elia reste fermement attachée à sa production française. "Au-delà de la compétitivité, produire en France c’est offrir des produits sûrs et de qualité, exempts de substances chimiques dangereuses pour la santé, et c’est aussi respecter des normes sociales strictes", insiste Marion Goilav. En fabriquant en France, Elia soutient une production transparente et responsable, en assurant une traçabilité complète de ses matières premières.

 

Vers une réindustrialisation nécessaire

Marion Goilav appelle à une réindustrialisation du secteur textile français, et plaide pour des solutions concrètes :

• Taxe carbone aux frontières pour rééquilibrer les coûts de production locaux et étrangers
• Renforcement des contrôles douaniers pour garantir une concurrence équitable
• Incitations fiscales pour les entreprises choisissant de produire en France

Elle insiste également sur l'importance d'une sensibilisation accrue des consommateurs aux enjeux de la production locale, en mettant en avant la transparence, l'éthique et la qualité des produits français.

 

Les consommateurs prêts à soutenir le local ?

Marion Goilav reste optimiste malgré la concurrence des géants du secteur comme Shein. "Les consommateurs sont de plus en plus conscients des enjeux éthiques et environnementaux", dit-elle. Mais, "tant que les prix des produits importés resteront aussi bas, le Made in France aura du mal à percer massivement."

 

 www.elia-lingerie.com

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