L'interview de Pierre-Olivier VARIOT, Président de l'USPO
L'équipe PharmagoraPlus est ravie d'avoir eu l'opportunité de parler à Pierre-Olivier VARIOT, Président de l'USPO.
L'année 2023 a été une année difficile pour la pharmacie d'officine. 2024 s'annonce riche en évolutions pour le secteur. Pouvez-vous présenter à nos lecteurs vos sujets d'inquiétude et vos espoirs pour cette nouvelle année ?
2023 a effectivement été une année difficile pour les pharmaciens, entre pénurie de médicaments, harcèlement administratif imposé par l'Assurance Maladie, dégradation économique importante pour toutes les pharmacies.
La menace d'une dérégulation du réseau officinal, souhaitée par certains parlementaires, plane également.
Comme toujours, l'USPO a porté de nombreuses actions pour maintenir les intérêts des pharmaciens et assurer un accès aux soins des patients. Nous avons notamment proposé une charte d'engagement pour mettre fin aux tensions d'approvisionnement et libérer les stocks de médicaments retenus par les laboratoires, qui a déjà commencé à porter ses fruits.
En 2023, dans la perspective des négociations conventionnelles avec l'Assurance maladie qui ont débuté fin décembre, l'USPO a notamment lancé un mouvement de mobilisation intersyndical afin d'obtenir une réforme économique ambitieuse pour tous les pharmaciens.
Enfin en 2023, plusieurs missions fondamentales que nous appelions de nos vœux depuis plusieurs années se sont concrétisées. Je pense en particulier à la prescription d'antibiotiques après réalisation d'un TROD et qui entrera en vigueur en début d'année 2024.
La semaine dernière, vous avez présenté la priorité de l'USPO en 2024 – renforcer l'économie de l'officine pour préserver l'accès aux soins. Est-ce que vous pouvez donner plus de détails sur les actions de l'USPO pour s'attaquer à cet objectif ?
Nos pharmacies souffrent d'une forte dégradation économique. La situation inflationniste n'évolue pas, les charges augmentent, et, dans le même temps, l'acte de dispensation n'a pas été revalorisé et n'est pas rémunéré à sa juste valeur.
Sans cette revalorisation, c'est la pérennité des officines qui est menacée.
En outre, je veux que les pharmacies puissent bénéficier d'une rémunération adaptée à leur investissement pour les missions de prévention, dépistage et accompagnement des patients.
Si les pharmacies ne peuvent être justement rémunérées, il sera de plus en plus difficile d'empêcher une financiarisation de notre secteur, et ce, au grand détriment des patients et de la population.
Enfin, si les pharmacies ne peuvent être justement rémunérée, le risque de financiarisation
Revenons au sujet de la prescription par le pharmacien d'officine : pourquoi considérez-vous cette évolution « nécessaire et souhaitée » ?
Le pharmacien d'officine peut désormais prescrire l'ensemble des vaccins du calendrier vaccinal et prochainement pour certains antibiotiques après la réalisation d'un TROD angine ou cystite. Cette mesure répond à une problématique d'accès aux soins de plus en plus compliquée pour les patients : désertification médicale, difficulté à obtenir une consultation rapidement, etc.
Certaines situations nécessitent une intervention rapide d'un professionnel de santé. C'est notamment le cas pour les soins non programmés ne nécessitant pas d'auscultation mais également lorsqu'il s'agit de prévention. Avec 21 000 officines réparties sur l'ensemble du territoire, une disponibilité 24/24 et7/7, sans rendez-vous la pharmacie est la porte d'entrée unique pour répondre à ces besoins. Nous avons déjà remporté de belles batailles et il est grand temps d'élargir ce droit de prescription, notamment pour traiter la douleur dentaire ou la prescription de substituts nicotinique.