Le 9 mars 2025, au sein de PharmagoraPlus, une table ronde comprenant Luc Cousin (Responsable transition écologique – ANEPF), Luc Besançon (Délégué Général – NèreS), Nathalie Gimenes (Présidente & Fondatrice - Be-Concerned), Alexandra Gaertner (Titulaire à Boofzheim et responsable des programmes de formation – FSPF), et Clara Mourgues (Cheffe de Projet Planification écologique du système de santé - DGOS) a examiné le sujet de la « pharmacie verte et l’engagement ».

Cette discussion a permis aux personnes présentes de dresser un panorama complet des enjeux et des actions en cours pour rendre le secteur pharmaceutique plus respectueux de l’environnement. C’est essentiel que l’officine devienne un acteur clé de la transition écologique, et c’est possible, tout en garantissant la qualité des soins - voici cinq points clés à retenir de cette table ronde.

 

L’urgence de la décarbonation du secteur pharmaceutique

Dès l’introduction, les intervenants ont souligné l’importance cruciale de réduire l’empreinte carbone du système de santé, et en particulier de la pharmacie. En France, le secteur de la santé est responsable d’environ 8 % des émissions de gaz à effet de serre, dont la moitié provient des produits de santé, notamment les médicaments et dispositifs médicaux. Comme l’a rappelé Luc Cousin : non seulement le secteur de la santé est responsable du changement climatique, il est aussi une des premières victimes du réchauffement climatique puisque le réchauffement climatique atteint directement la santé des patients et l'efficacité du système de santé. « Il y a une vraie importance de pouvoir décarboner les médicaments et le système de santé dans sa globalité. »

 

Des actions concrètes et des objectifs chiffrés

Pendant la premier partie de la table ronde, Luc Besançon a exposé les grandes lignes du travail en industrie. Il a dit que les industriels du médicament ont déjà engagé des démarches volontaires de réduction de leur impact environnemental. Trois axes majeurs se dégagent : la réduction des emballages, la diminution de l’empreinte carbone (notamment via l’optimisation énergétique des usines et l’approvisionnement responsable), et la formalisation d’engagements sectoriels à travers des chartes. Par exemple, certains laboratoires investissent massivement pour innover et proposer des alternatives moins polluantes, comme des gaz propulseurs écologiques pour les inhalateurs. Ces efforts s’inscrivent dans des objectifs chiffrés, tels que la réduction de 50 % des émissions directes et indirectes à l’horizon 2030.

 

La responsabilité sociétale des entreprises (RSE) au cœur des stratégies

La RSE est désormais un pilier incontournable de la stratégie des entreprises pharmaceutiques. Les officines jouent aussi un rôle croissant dans la transition vers une pharmacie plus durable. Comme l’a dit Alexandra Gaertner « Je dirais que les officinaux s'étaient engagés déjà il y a très longtemps mais à titre individuel, c'est finalement la convention signée en mars 2022 qui va être le début d'un engagement collectif …[et] qui permet effectivement de reconnaître l'engagement des pharmaciens dans le système RSE. » Conscientes de leur position clé au sein du système de santé, elles multiplient les initiatives pour réduire leur empreinte écologique. Parmi les actions déjà en place, on note la suppression progressive des sacs papier au profit de sacs réutilisables, l’engagement dans des démarches éco-responsables, ou encore la sélection de fournisseurs partageant des valeurs de responsabilité environnementale. Les pharmacies s’impliquent également dans la collecte et le recyclage des médicaments non utilisés et de dispositifs médicaux comme les stylos injecteurs, tout en veillant à la sécurité de leurs équipes.

Enfin, la mise en place de questionnaires d’auto-évaluation, la nomination de responsables RSE au sein des équipes et l’adaptation des pratiques de délivrance témoignent d’une volonté collective d’améliorer continuellement l’empreinte environnementale de l’officine.

 

Les défis de la communication et de la valorisation des efforts

Malgré les progrès réalisés, la communication autour des engagements écologiques reste complexe. Les contraintes réglementaires limitent la possibilité pour les entreprises de valoriser leurs actions auprès des professionnels de santé et du grand public. De plus, l’absence d’indicateurs standardisés rend difficile la comparaison entre les acteurs. Les intervenants ont souligné la nécessité de développer des outils de reporting harmonisés et de renforcer la transparence pour éviter le greenwashing et encourager les bonnes pratiques.

 

Gaspillage, circularité et nouveaux modèles économiques

Enfin, la discussion a mis en lumière l’ampleur du gaspillage de médicaments, estimé à 8 500 tonnes en 2023. La dispensation à l’unité, la lutte contre les pénuries et le développement de filières de recyclage sont autant de leviers pour améliorer la circularité et réduire l’empreinte environnementale du secteur. Par ailleurs, la sensibilisation des patients à la juste consommation de médicaments et à la réduction du gaspillage fait désormais partie intégrante de la mission en officine.

Les intervenants ont également évoqué la nécessité de repenser les modèles économiques, en valorisant la performance d’usage et la prévention plutôt que le volume de vente.

En conclusion, la transition écologique du secteur pharmaceutique est en marche, mais elle nécessite une mobilisation collective, une meilleure coordination entre les acteurs et une évolution des cadres réglementaires et économiques pour accélérer le changement.

Il ne s’agit plus seulement de limiter les émissions de carbone, mais de prendre en compte l’ensemble des impacts environnementaux, sociaux et économiques des produits de santé.

 

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