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16 déc. 2022

L'Interview de Maxime Delannoy, Président de l’ANEPF

L'Interview de Maxime Delannoy, Président de l’ANEPF

 

M. Delannoy, vous êtes président de l’ANEPF depuis le 3 juillet 2022, comment se passe votre nouveau rôle ?

À la suite de l’élection début juillet, il a fallu faire un mois de passation. Ensuite, nous avons eu beaucoup de formations, il y avait aussi les rentrées des facultés, je me suis donc occupé des présentations aux étudiants sur l’association et nos actions. Après cela, nous avons vraiment commencé le travail de fond : en travaillant sur la réforme, en demandant les rendez-vous institutionnels, en discutant avec les doyens et avec l’Ordre pour pouvoir améliorer nos réformes et inciter le gouvernement à répondre.

 

Nous parlons aujourd’hui de l’augmentation de places vacantes dans la filière pharmacie. On estime à 1100 le nombre de places non pourvues à la rentrée 2022. A quoi attribuez-vous ce chiffre ?

On avait déjà 163 places vacantes, on alertait depuis l’année dernière que s’il n’y avait pas une nouvelle réforme et qu’on ne promouvait pas davantage les études pharmaceutiques, on allait avoir beaucoup plus de places vacantes. Finalement, on s’est retrouvé avec 1100 places vacantes, et on était plutôt choqués d’un nombre si élevé !

C’est dû, en partie, aux problématiques de la réforme qui ont pour conséquence d’invisibiliser la filière pharmacie. En plus, il y a moins de personnes qui passent en deuxième année en pharmacie.

Etant donné qu’avant, c’était un concours, il fallait juste être dans le numerus clausus pour pouvoir passer en deuxième année. Désormais, vu que ce n’est plus un concours, il faut avoir dix de moyenne pour pouvoir passer. Sauf que ce dix de moyenne n’était déjà pas atteint auparavant. Actuellement les enseignements n’ont pas réellement changé et n’ont pas encore été suffisamment adaptés. On a juste beaucoup plus de mal à passer avec ce système de licence en ayant quitté le système de concours. C’est bien d’avoir quitté le système de concours, du point de vue de la santé mentale des étudiants, et du point de vue de la sélection qui n’était pas forcément pertinente. Mais il faut pouvoir adapter les enseignements à un enseignement d’études, de licence, plutôt qu’un enseignement qui reste plus adapté à un concours qu’une licence.

L’année dernière on n’avait « que » 163 places vacantes, parce qu’il y avait encore les PACES redoublants qui rattrapaient un peu le nombre de places manquantes. Mais, cette année, on n’a que les PASS (parcours d’accès spécifique santé) et les L.AS (licence avec option accès santé), donc on s’est pris de plein fouet les problèmes de la réforme.

Je vous ai parlé des problèmes de la PASS, mais il y a deux accès maintenant. Néanmoins, il y a très peu de personnes qui connaissent la L.AS parce que les facultés ne démocratisent pas, n’expliquent pas assez qu’il est possible de passer par une licence avec option accès santé. Par conséquent, très peu d’étudiants la choisissent.

 

En 2023, nous nous attendons à une réévaluation de la réforme – vous avez dit que cette réforme est « plus que nécessaire », êtes-vous optimiste quant au résultat ?

Normalement, en 2023 il va y avoir cette évaluation, pour ensuite voir ce qu’elle aura changé. L’évaluation va être forcément catastrophique étant donné qu’on a un tiers de places vacantes en pharmacie. J’espère en tout cas que les problèmes seront remontés, et je pense pouvoir être optimiste sur l’obtention d’un constat officiel montrant les problèmes de la réforme. Mais je suis forcément pessimiste par rapport au nombre de problèmes qui existent.

 

En Angleterre, les pharmaciens deviennent de plus en plus importants dans, notamment, la prévention des maladies, les vaccinations contre le coronavirus et la grippe, et dans le soin des maladies chroniques. Est-ce que vous avez vu cela en France ? Et quelles seront les conséquences d’une telle augmentation de places vacantes ?

En France, on a pu voir après la pandémie que le pharmacien était un peu plus reconnu. Maintenant, les pharmaciens peuvent vacciner, ils peuvent faire les tests, ils commencent à avoir de plus en plus de missions. C’est vraiment une bonne chose, le pharmacien est un peu le premier rempart, et c’est la porte la plus facile à ouvrir pour avoir un professionnel de santé – et on a un très bon maillage pharmaceutique sur le territoire français.

C’est très facile d’aller voir son pharmacien, sans rendez-vous, il y a donc un réel intérêt de prévention et de santé publique de la part du pharmacien qui est essentiel, et que l’on pourrait largement développer. Il y a eu un projet de loi de la sécurité sociale qui parlait de prévention et de santé publique, et qui ne parlait pas suffisamment du pharmacien. C’est vraiment dommage qu’après la pandémie, bien que l’on nous ait remercié d’avoir pu tester et vacciner la grande majorité de la population, ce projet de loi nous ignore. Pouvoir enrichir cet intérêt de santé publique et de prévention, ça me semble nécessaire dans un système de santé.

 

À votre avis, qu’est-ce qu’il faut mettre en place pour faire face à cette situation ? Quelles sont les solutions à court, moyen et long terme ? Et qui est en charge de faire progresser ces solutions ?

Nous avons formulé des propositions que l’on essaie de défendre auprès du gouvernement et auprès de l'Ordre, nous essayons d’en parler à un maximum de personnes. Pour nous, il nous semble primordial d'avoir des comités de suivi de la réforme au niveau local dans chacune des facultés. Bien que les textes de la réforme exigent des comités de suivi, dans les faits ces comités ne sont pas développés ou pas effectifs.

Premièrement, on aimerait, que ces comités soient vraiment présents pour pouvoir faire remonter les problèmes au niveau national ou même aux facultés de base pour pouvoir adapter, changer et améliorer tous les problèmes qu'il peut y avoir.  On aimerait aussi une promotion de la filière pharmacie et du pharmacien en général beaucoup plus efficace. Les étudiants au lycée et au collège n'ont aucune idée du rôle du pharmacien dans le système de soins et ne l'imaginent même pas forcément comme un professionnel de soins. C’est très dommage, l’image que pourrait se faire un jeune du pharmacien, est souvent réduite à la vente de boîtes. Alors qu’en réalité, il y a toute une dispensation derrière, il y a tout un intérêt de santé publique, de suivi du patient, d'entretien informatique. Et puis il n’y a pas uniquement la filière officine, il y a aussi la filière industrie ou la filière internat qui rajoute une possibilité de métier qui est infinie. Donc il y a vraiment une grande promotion à faire du point de vue des études de pharmacie et c'est très dommage qu’encore beaucoup de journalistes ou même de plateforme d'orientation parlent d'études de médecine pour parler de la santé en général. Alors qu’une première année santé permet ensuite de partir dans différentes filières, que ce soit maïeutique, médecine ontologie, pharmacie ou kinésithérapeutes etc.

Maintenant, on est en train de voir avec Parcoursup pour pouvoir intégrer des modules de présentation et pour pouvoir justement promouvoir la filière pharmacie, mais surtout expliquer ce qu'elle comporte, ce qu'elle ouvre comme porte sur les métiers de la pharmacie.

De plus, normalement pendant la première année, les facultés sont obligées de présenter des modules de promotion, de présenter les cinq filières à part égale, mais c'est très peu fait. Il y a des facultés où seulement 1h de présentation est dispensée et elle est essentiellement axée sur la filière médecine, ce qui est dommage, parce que c'est une filière qui attire déjà énormément et qui n’a pas forcément du mal à remplir ses places.

 

C’est intéressant, il me semble que les problèmes ne sont pas forcément différents qu’en Angleterre. En Angleterre, souvent les lycées se focalisent sur la médicine uniquement.

D'ailleurs, si je ne me trompe pas, il y a déjà en Angleterre le système de licence accès santé, les étudiants qui font partie de cette filière sont issus de tous les milieux d'études.

C'est un peu ce qui a voulu être instauré en France avec le système de licence accès santé et c'est une très bonne chose de diversifier les profils en santé. On a besoin d'avoir des profils de tous les horizons. Et justement, il est encore difficile de bousculer ce modèle d’études monodisciplinaires auquel les professeurs, les doyens, le corps universitaire sont encore souvent très attaché. Bien que ce ne soit pas du tout ce vers quoi se dirige le système social en général. De nos jours les étudiants ne veulent pas faire le même métier toute leur vie, ils veulent changer, ils veulent pouvoir voir plein de choses et cela passe par des études pluridisciplinaires qui donnent accès à plusieurs horizons. C'est très enrichissant pour l'étudiant, mais même en soi pour le système de soins, ça sera très enrichissant d'avoir des gens qui viennent de tous les horizons.

 

Oui, c’est vraiment enrichissant d’avoir des gens qui viennent de tous les horizons. Je vous remercie d’avoir partagé vos missions avec nous aujourd’hui. Pour finir, avez-vous quelque chose à ajouter ?

Actuellement, on essaie de batailler pour changer le statut de l'étudiant dans cette dernière année, en sixième année officine. Actuellement, en sixième année officine on a un stage qui dure 6 mois où l'étudiant est sous-payé avec un stage à plein temps. C'est dommage et ça rend les conditions de l'étudiant très précaires. Imaginons un étudiant payé par mois entre 500 et 550€, imaginons sur Paris, ce n’est même pas le prix du SMIC. Nous essayons donc actuellement de pousser le gouvernement à changer ce statut pour avoir une meilleure indemnisation de l'étudiant dans son stage. Mais aussi des indemnisations de transport pour permettre à l'étudiant en stage d’aller dans les officines rurales notamment. Les sénateurs avaient proposé un amendement, qui était refusé par le gouvernement et que nous essayons donc de remettre au goût du jour.

 

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