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12 févr. 2017

3 questions à Hélène Charrondière, directrice du pôle pharmacie -santé des Echos Etudes , sur l’évolution du modèle économique de l’officine.

Quel est la situation économique des pharmacies en France ?

Si l’on se réfère à l’analyse menée fin 2016 par l’IGF et l’IGAS, à partir d’un échantillon représentant 94 % des officines françaises, les niveaux de rentabilité et de marge générés par le circuit officinal traduisent la solidité économique et financière du réseau[1]. Il convient donc de modérer la vision très pessimiste voire catastrophique qui est aujourd’hui donnée de la profession. D’autant que les fondamentaux de l’exercice officinal demeurent solides : l’existence de règles garantissant le maillage territorial n’est pas remise en question, l’ouverture du capital des officines à des non pharmaciens n’est plus à l’ordre du jour et le monopole officinal continue d’être protégé par les autorités de santé. Et aucun candidat à l’élection présidentielle n’a inscrit à son agenda une réforme, voire une dérégulation de la pharmacie.

En revanche, deux sujets majeurs se posent aujourd’hui : la nécessaire évolution de la marge réglementée, dont une partie dépend toujours des prix des médicaments remboursables, et le niveau d’endettement actuel du réseau. Celui-ci est très nettement supérieur à l'ensemble du commerce de détail (160% des fonds propres vs 81% pour les autres commerces). Mais là aussi, la tendance est plutôt bien orientée puisque le taux d’endettement moyen diminue depuis 2010 grâce auxcorrections récentes des prix de cession des officines.

 

Quels sont les enjeux auxquels l'officine va faire face à court et moyen terme?

L’enjeu principal est de faire face à l’érosion continue du marché des médicaments remboursables (72 % du CA moyen des officines), dont les ventes reculent en moyenne de 1,7 % depuis 2010 (en valeur). A fin 2016, ce marché a retrouvé son niveau des années 2004-2005. Ce qui veut dire que les mesures d’économies prises sur les produits de santédans le cadre des dernières LFSS ont effacé dix ans de croissance. Ce marché devrait demeurer à son niveau actuel dans les années à venir, la volonté des autorités de santé étant de maintenir une croissance quasiment nulle des dépenses remboursables de médicaments.

Dans ce contexte, la réforme de la marge réglementée doit se poursuivre en faveur des honoraires de dispensation et des nouvelles formes de rémunération, qu’elles soient ou non prévues dans le champ de la convention pharmaceutique. Il est nécessaire que les pharmaciens puissent facturer et valoriser correctement les services d’accompagnement aux patients.

L’autre enjeu, corolaire du précédent, est d’augmenter la taille moyenne des officines, tout en garantissant un maillage territorial équilibré. Il faut en effet éviter que se créent des déserts pharmaceutiques.

 

Quel modèle vous parait le plus plausible à long terme en pharmacie?

L’officine doit capitaliser sur ses atouts, qui sont nombreux : capillarité et densité du réseau, clientèle captive octroyée par le monopole officinal, confiance élevée des patients... C’est grâce à ces atouts que les pharmaciens parviennent à développer l’automédication non remboursable et à tirer leur épingle du jeu sur le marché très concurrentiel de la parapharmacie.

Si l’on réfléchit aux évolutions à plus long terme, se pose concrètement la question de la diversification des activités. La pharmacie peut-elle continuer à dépendre autant de la prescription et de la dispensation des médicaments remboursables ? Il est évident que non. Il devient nécessaire de prendre des orientations stratégiques claires en diversifiant l’offre de produits et de services et en élargissant le périmètre d’activité à l’ensemble du marché de la santé, dans son acception large : la commercialisation de produits d’optique et d’audioprothèse, la vente en ligne, et sur le volet service, la PDA, l’accompagnement nutritionnel, la PDA, la vente en ligne, la livraison à domicile, le suivi effectif de l’observance, l’offre permanente de dépistages et de consultations de prévention... Des services qui sont proposés par certains pharmaciens, mais gratuitement la plupart du temps. Il faut aujourd’hui leur donner un modèle économique clair. De manière à ce que la pharmacie ne soit pas seulement un lieu de conseil et un point de dispensation, mais un espace plus large de services et de produits de santé. Cette évolution est d’autant plus nécessaire qu’un nombre croissant d’officines, situées dans des centres-villes touchés par des taux de vacance commerciale élevés en raison notamment de la crise économique, se retrouvent en grande difficulté économique. Or une pharmacie a besoin de trafic, et la désertification de certains centres-villes devient un sujet très préoccupant.

Cette orientation stratégique peut sembler très lourde pour un pharmacien seul mais tout à fait envisageable si elle est portée par un groupement ou une enseigne capable de proposer une organisation plus intégrée et un concept multi-canal, en phase avec les tendances actuelles de consommation et les attentes des patients.

Hélène Charrondière Les Echos Etudes

Propos recueillis par Hélène Decourteix en février 17


[1] Auteur de l’étude « Les perspectives de la pharmacie d’officine à l’horizon 2025, quels modèles de développement face aux menaces d’ubérisation du réseau officinal ? » parue en décembre 2016.

[1] Le taux de marge commerciale a progressé en moyenne de 1% sur la période de 2010 à 2014 pour atteindre près de 29% en 2014. Le taux marge brute s’établit à 30,7% (en progression de 2 à 3% par an) et un EBE à 10% du chiffre d’affaire. Ces ratios de marge et rentabilité sont bons et largement supérieurs à ceux observés dans le commerce au sens large.

 

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